Notre pays multiplie les initiatives et les actions de prévention contre le phénomène, aujourd'hui vécu comme un fardeau humain

Le 8 octobre est consacré à la Journée mondiale de la vue et au lancement de la Semaine nationale de lutte contre la cécité dans notre pays. L'événement intègre la semaine thérapeutique du Mois de la solidarité et de la lutte contre l'exclusion. La journée a été célébrée hier au Centre international des conférences de Bamako sous la présidence du ministre de la Santé, Oumar Ibrahim Touré.

C'était en présence de son homologue du Développement social, de la Solidarité et des Personnes âgées, Sékou Diakité, et du représentant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Dr Diallo Fatoumata Binta Tidiane. On notait aussi la présence de l'ambassadeur de Cuba au Mali, Alberto Miguel Otero Lopez, du coordinateur du Programme national de lutte contre la cécité (PNLC), le Dr Sanoussi Bamani, de la représentante du maire de la Commune III, Mme Djiré Fatouma Diallo, et de nombre d'invités.

Dans les pays en développement notamment ceux du continent africain, la cécité représente un réel problème de santé publique. Elle est même vécue dans le monde comme un fardeau humanitaire. Les statistiques de l'OMS sont révélatrices de l'ampleur du phénomène. Il y a plus de 314 millions de personnes souffrant de handicap visuel dans le monde parmi lesquels 45 millions sont des aveugles.

L'Afrique abrite, elle seule, 7 millions de ces aveugles. Ce triste tableau atteste de l'urgence et surtout de la nécessité pour les pays en développement de mettre en œuvre des stratégies de prévention de la cécité.

Le ministre de la Santé a expliqué à ce propos, que la prévalence de la cécité est estimée à 1,2% dans notre pays. Ce chiffre est alarmant et nous interpelle tous, a-t-il jugé. La cécité n'est pas seulement une préoccupation de santé publique ou de souffrance humaine, a souligné Oumar Ibrahim Touré, elle représente aussi un grave problème de développement hypothéquant la production et la productivité.

Rappelons que face au drame de la cécité, l'OMS a lancé en février 1999, "la Vision 2020". Cette initiative s'emploie à mettre en synergie les efforts des acteurs de la lutte contre la cécité pour réduire l'impact du fléau. Il s'agit donc d'éliminer les causes évitables ou curables de cécité d'ici l'horizon 2020.

Notre pays dispose même de son plan "Vision 2020" depuis quelques années. Celui-ci est basé sur le développement des ressources humaines (le pays compte 26 médecins ophtalmologues et moins de 120 techniciens spécialistes en ophtalmologie), des infrastructures et des équipements. Les actions de prévention contre la cécité figurent aussi en bonne place dans ce plan "Vision 2020".

En plus, le Mali a développé un partenariat avec Cuba et le Venezuela qui s'est concrétisé par l'initiative "Milagro", destinée à la prise en charge gratuite de la chirurgie de la cataracte.

La célébration de la Journée mondiale de la vue sur le thème "Santé oculaire et genre", offre une opportunité de sensibiliser les femmes en charge généralement de la santé des enfants. C'est aussi un cadre de concertation et d'échange sur des questions cruciales liées à la cécité notamment les déficiences visuelles et la réadaptation des malvoyants.

Le représentant de l'OMS a expliqué que la journée se veut un plaidoyer en faveur de la prévention de la cécité. "Le nombre d'aveugles augmente rapidement à cause du vieillissement de la population, des maladies cécitantes et des habitudes néfastes. Pourtant 75 à 80% des cas de cécité sont évitables", a rappelé Mme Diallo Fatouma Binta Tidiane.

Auparavant Mme Djiré Fatoumata Diallo de la mairie de la Commune III avait estimé qu'il n'était nul besoin d'être du domaine de la santé pour vivre directement ou indirectement, le drame et les conséquences de la cécité dans la société.

Un temps fort de la cérémonie a été le don de 28 millions de Fcfa de matériels ophtalmologiques et d'optique, de consommables et autres par l'organisation "les Yeux du monde".

La note de fin a été donnée par Madina N'diaye, une jeune non voyante, virtuose de la cora, et l'orchestre des jeunes aveugles.