La famine continue de tuer dans le monde
Alors que le monde s’unit ce samedi pour célébrer la journée mondiale de l’alimentation, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation (FAO) estime que s’unir contre la faim devient une réalité quand les institutions publiques, les organisations de la société civile et le secteur privé travaillent en partenariat à tous les niveaux pour vaincre la faim, l’extrême pauvreté et la malnutrition.
En 2009, les statistiques confirment que le seuil critique d’un milliard de personnes souffrant de la faim dans le monde a été atteint, en partie à cause de la flambée des prix des denrées alimentaires et de la crise financière. Il s’agit là d’«un terrible bilan» selon Jacques Diouf, le Directeur général de cette institution onusienne. Dans le cadre du «Sommet contre la faim», Le directeur général a lancé une pétition en ligne afin de dénoncer le caractère immoral de la situation. De nombreuses manifestations de dénonciation se dérouleront à travers le monde.
En suisse, l'Alliance suisse contre la faim rappelle que 24 000 personnes meurent d'inanition chaque jour dans le monde. Elle invite les jeunes à une action pacifique samedi après-midi à Berne, la capitale de ce pays.[i Il est important que l'appel à un changement de mentalité provienne des jeunes. Ils sont porteurs d'espoir pour l'avenir », a déclaré la présidente de l'alliance Wendy Peter. Les participants se laisseront tomber par terre pour évoquer les victimes de la faim.
L’organisation britannique Oxfam, elle, relève le manque de volonté des dirigeants et de la communauté internationale. Cela fait dix ans que les leaders mondiaux se sont engagés à réduire de moitié la faim dans le monde d'ici à 2015, mais nous sommes encore bien loin du but. Nous savons pourtant que c'est possible. La volonté politique est le seul élément manquant, a fait savoir un des membres de l’organisation.
L’Afrique victime de son manque de structuration
Pourtant la question de la faim dans le monde doit être relativisée. En septembre 2010, la FAO avait fait état de ce que le volume de personnes en risque à la famine avait connu une légère diminution. Pour la première fois cette année depuis quinze ans, le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde a connu une baisse, pour se fixer à 925 millions d'individus, selon la FAO.
Autre chose, la famine ne frappe durement que certains pays dans le monde. Les deux tiers des 925 millions de personnes sous-alimentées se retrouveraient dans seulement sept pays: le Bangladesh, la Chine, la République démocratique du Congo, l'Ethiopie, l'Inde, l'Indonésie et le Pakistan.
Mais dans un contexte d’universalité, cela reste inadmissible. L’Afrique présente le plus grand paradoxe avec ses 218 millions environs de personnes souffrant de sous-alimentation. Une situation qui pourrait s’aggraver si les politiques agricoles et de développement rural ne sont pas bien coordonnées. La population d'Afrique subsaharienne devrait passer de 770 millions d'habitants en 2005 à 1,5-2 milliards en 2050.
Malgré l'exode rural rapide et la croissance des populations dans les villes, le nombre absolu de personnes vivant dans les villages continuera surement à croître. Or malgré ses nombreux atouts dans le domaine agricole, la famine continue de plus en plus de gagner du terrain dans un continent que la nature a gratifié. A l'heure actuelle, 3 pour cent seulement des cultures vivrières de la région sont irriguées, contre plus de 20 pour cent dans le monde. L'irrigation permettrait de booster rendements et production.
La terre est également une ressource sous-exploitée. Tout en reconnaissant qu'une expansion des terres arables a des conséquences sur l'environnement, la FAO a estimé que les superficies potentiellement exploitables en Afrique subsaharienne s'élèvent à plus de 700 millions d'hectares. Seulement 10% de ces surfaces sont effectivement exploités.