Santé mentale et santé physique sont liées : La santé mentale fait l'objet d'une conférence ministérielle de l'OMS en Europe
La Journée mondiale de la santé mentale, qui s'est tenue le 10 octobre 2004, a mis l'accent sur les liens entre santé mentale et santé physique. Les personnes souffrant de stress ou de maladie mentale présentent aussi souvent des symptômes physiques tels que migraine, dorsalgie et fatigue.
Les données dont on dispose indiquent que les personnes atteintes de maladies mentales, et en particulier celles qui sont placées en établissement, présentent des taux de mortalité par cancer et par cardiopathie plus élevés que la population générale. D'après les chiffres, les personnes âgées dépressives seraient exposées à un risque excédentaire de cancer de 88 % et les hommes dépressifs à un risque de cardiopathie accru de 70 %. Dans ce dernier groupe, les risques de cardiopathies ischémiques, c'est-à-dire de lésions cardiaques par privation de sang sont trois fois plus élevés.
Il existe des interventions d'un coût raisonnable qui permettent de réduire la détresse physique et mentale des individus et les pertes qu'elle cause à la société. Pourtant, on constate qu'il subsiste une proportion importante de personnes atteintes de troubles mentaux qui ne bénéficient pas du traitement dont elles auraient besoin.
Dans la Région européenne de l'OMS, on estime que 50 % des personnes dépressives et 20 % de celles atteintes de schizophrénie ne reçoivent pas de traitement médical.
"Sans santé mentale et sans bien-être, il n'y a pas de vraie santé", déclare le docteur Marc Danzon, directeur du Bureau régional de l'OMS pour l'Europe, qui rappelle que la dépression est maintenant la troisième cause de morbidité et d'incapacité dans la Région européenne de l'OMS.
Chaque année, près de 147 000 personnes se suicident dans la Région. Ces chiffres soulignent l'importance, pour les pays européens, d'établir une liste de priorités et de décider de mesures concrètes.
C'est en réponse aux préoccupations suscitées dans tous les pays par le lourd tribut prélevé par les troubles mentaux et à l'urgence d'améliorer les politiques de prévention et de traitement qu'est organisée la Conférence ministérielle européenne de l'OMS sur la santé mentale. Celle-ci se tiendra en janvier 2005, à Helsinki (Finlande), avec la participation des 52 États membres de la Région européenne.
La conférence témoigne de la volonté des pays de s'inspirer des nombreux exemples existants de bonnes pratiques. Ceux-ci prouvent qu'il est possible de promouvoir la santé mentale et de prévenir ou de traiter efficacement la morbidité mentale.
La conférence aura pour thème ‹‹ Relever les défis, trouver des solutions ›› et définira des priorités d'action : mettre en place des systèmes de soins complets et efficaces, promouvoir la santé mentale de la population, faire en sorte que le personnel ait les capacités requises, et donner aux utilisateurs de services de santé mentale et à leur famille les moyens de se prendre en charge.
Les ministres présents à la conférence devraient adopter une déclaration et un plan d'action, qui souligneront l'importance fondamentale de la santé mentale pour la qualité de vie, en tant que condition sans laquelle les individus ne peuvent mener une vie satisfaisante ni jouer le rôle de citoyens créatifs et actifs.
La conférence devrait aussi recommander des objectifs aux pays pour inciter ceux-ci à adopter des politiques appropriées en matière de législation, de financement, de prévention, de suivi et de recherche, ainsi que de réduction du nombre de personnes placées en établissement.
Message du secrétaire général des Nations Unions, à l'occasion de la journée mondiale de la santé mentale 2004 :
"Le thème de la Journée mondiale de la santé mentale 2004, Rapport entre la santé physique et la santé mentale : troubles physiques et troubles mentaux concomitants, reflète l’expérience vécue par de nombreuses personnes.
Bien que, dans notre esprit, les maladies restent distinctes et séparées, en réalité, les gens sont souvent victimes de multiples maux en même temps. Ainsi, de nombreuses personnes souffrent à la fois d’une maladie mentale et d’une maladie physique.
Cette concomitance est particulièrement tragique pour certains groupes de population tels que les personnes âgées et les pauvres. En effet, les maladies tendent à se multiplier et à empirer avec l’âge ou lorsque l’on vit dans des conditions difficiles.
L’explosion mondiale du VIH/sida, la réapparition de maladies qui avaient cessé de tuer, comme la tuberculose, et l’apparition de nouvelles infections ont mis en évidence les liens entre maladies physiques et dépression.
On constate chez les malades concernés davantage de complications parce qu’une maladie mentale chez une personne atteinte d’une maladie physique qui met sa vie en danger non seulement accroît le degré de ses souffrances mais la rend, en outre, moins encline à suivre son traitement.
C’est pourquoi, lorsque l’on traite une maladie, il faut examiner la personne globale, dans tout son ensemble.
Pour cela, ceux qui dispensent des soins de santé – mentale et physique – doivent conjuguer leurs efforts dans l’exercice de leurs responsabilités et mettre leurs compétences en commun. En cette Journée mondiale de la santé mentale, prenons l’engagement d’adopter une démarche holistique et de soigner en même temps le corps et l’esprit."