L'antidiabétique metformine a fortement réduit la fréquence du cancer du poumon chez des souris de laboratoire exposées à un dérivé de la nicotine, cancérigène contenu dans le tabac.
Selon des travaux publiés mercredi, une étude réalisée sur des souris a révélé qu'un antidiabétique diminue le risque de cancer du poumon. Des essais cliniques sont désormais attendus.
Des chercheurs ont administré de la metformine - l'un des médicaments les plus utilisés dans le monde commercialisé depuis 1995 aux Etats-Unis - à ces souris par voie orale ou par injection. Celles ayant reçu cet agent oralement ont eu de 40 à 50% moins de tumeurs. Celles ayant été traitées avec des injections de metformine ont vu ce risque de cancer plonger de 72%, précisent ces chercheurs. Il s'agit d'une publication de l'American Association for Cancer Research.
Cette étude a montré que la metformine activait une enzyme produite par des molécules antimicrobiennes qui neutralisent une protéine jouant un rôle clé dans la croissance et la survie des cellules cancéreuses du poumon, explique le Dr. Dennis, son principal auteur.
La metformine utile pour d'autres cancers ?
Encouragé par ces résultats sur des modèles de recherche animales, des essais cliniques préliminaires avec la metformine vont être entrepris pour déterminer si cet antidiabétique peut être utilisé comme chimioprévention pour les fumeurs présentant un risque élevé de développer une tumeur cancéreuse du poumon.
"Bien que cesser de fumer soit la chose la plus importante à faire pour les fumeurs, plus de la moitié des cas de cancer du poumon sont diagnostiqués chez d'anciens fumeurs, ce qui montre l'importance de développer des traitements préventifs efficaces", relève le Dr. Dennis.
"Des études épidémiologiques faites antérieurement ont montré que les diabétiques prenant de la metformine présentent un moindre risque de développer un cancer", ajoute le Dr Jeffrey Engelman, co-auteur d'un éditorial publié dans Cancer Prevention Research.
Pour le Dr Michael Pollak, "cette importante étude, de concert avec des travaux antérieurs de laboratoire et d'épidémiologie, laisse penser que la metformine pourrait être utile pour prévenir et traiter ce cancer" mais aussi d'autres types de tumeurs cancéreuse.
Il a précisé lors d'une conférence de presse téléphonique que les premières études épidémiologiques menées en Grande Bretagne en 2005 ont montré que les diabétiques traités avec de la metformine ont vu leur risque de cancer baisser de 40% comparé à ceux soignés avec un autre antidiabétique.
12 millions de cancer du poumon diagnostiqués par an
D'autres études en laboratoire ont révélé que cette substance peut directement bloquer la croissance d'un grand nombre de cellules cancéreuses mais pas de toutes en agissant sur l'apport énergétique, a-t-il dit. Tout en insistant sur "l'importance de cette dernière recherche" qui révèle le mécanisme d'action de la metformine, le Dr Pollak a souligné que des essais cliniques plus étendus devaient être entrepris pour pleinement comprendre les effets anti-cancéreux de cette molécule.
Le cancer du poumon est le plus meurtrier des cancers et celui qui augmente le plus dans le monde, puisque plus de 12 millions de nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année et que près de 8 millions de personnes en meurent.
La metformine a été extraite du lilas, fleur dont les botanistes au Moyen-Age avaient observé ses vertus pour réduire une fréquence excessive des urines, un symptôme de diabète incontrôlé.