Les composés perfluorés (contenus par exemple dans les poêles recouverte de Téflon) seraient responsables de l’augmentation du taux de cholestérol observée chez des enfants contaminés par ces molécules.
L’eau du robinet, la poussière, les emballages alimentaires, le lait maternel, le sang du cordon ombilical, les pop-corns cuits au four à micro-ondes, l’air, etc. : l’homme serait exposé aux composés perfluorés (acide perfluoro-octanoïque, ou PFOA, et le perfluoro-octane sulfonate, ou PFOS) à travers toutes sortes de produits.
Même les bébés dans le ventre de leur mère ne seraient pas à l’abri. Ces molécules, bien que non naturelles, sont retrouvées dans des échantillons sanguins de la quasi-totalité de la population, au moins aux Etats-Unis.
D’où viennent-elles et à quoi servent-elles ? Ces composés sont utilisés lors de la fabrication des fluoropolymères, une famille aux nombreuses applications : revêtements anti-adhésifs et résistants à la chaleur (comme le PTFE, ou polytétrafluoroéthylène PTFE,
Téflon de son appellation commerciale), tissus résistants à l’eau et respirants (vêtements en Gore-Tex par exemple), retardateurs de flammes, revêtements de conduits ou de câblage électrique... Les PFOS et PFOA sont donc ingérés malgré nous.
Ce ne serait pas un problème s’ils n’étaient pas toxiques ! Suite à un procès qui a condamné le laboratoire DuPont (fabricant du Téflon) à une forte amende à cause de la contamination de l’eau potable et des habitants de la région de la vallée de l'Ohio, est née une vaste étude nommée C8 Health Project, ayant pour but de vérifier la toxicité des composés fluorés en analysant la santé des personnes contaminées.
En plus de la cancérogénicité des composés qui semble maintenant avérée, les chercheurs du West Virginia University School of Medicine ont voulu savoir si le taux de cholestérol (un lipide fabriqué principalement dans le foie) pouvait être modulé par ces molécules chez l’homme.
Des études menées chez les animaux avaient en effet montré que les composés perfluorés affectaient en particulier le foie. En tout, les cas de 12.476 enfants et adolescents âgés de 1 à 18 ans ont été analysés, ces jeunes ayant été en contact avec l’eau contaminée sur une durée d’au moins un an.
Elévation du HDL et du LDL
Des échantillons de sang ont été prélevés chez ces enfants entre 2005 et 2006, pour déterminer à la fois le taux des composés perfluorés et le contenu lipidique. Les résultats sont publiés dans le journal Archives of Pediatric and Adolescent Medicine et montrent une nette différence avec la population générale.
Les concentrations en PFOS et en PFOA de ces enfants sont respectivement de 22,7 ng/ml et 69,2 ng/ml, des scores bien plus élevés que la moyenne. Pour les adolescents de 12 à 19 ans qui ont bu l’eau contaminée pendant plus d’un an, la concentration en PFOA est de 29,3 ng/ml, alors qu’elle n’est que de 3,9 ng/ml pour le groupe contrôle. En revanche, la concentration en PFOS est similaire (19,1 ng/ml contre 19,3 ng/ml).
Après avoir ajusté les différentes variables, les scientifiques ont observé une corrélation entre l’augmentation de PFOA et l’élévation du taux de cholestérol total et du taux de mauvais cholestérol (LDL). Le PFOS, quant à lui, élève aussi bien les taux de cholestérol total que de mauvais et de bon cholestérol (HDL). Les autres lipides (triglycérides) ne sont pas affectés.
L’élévation du taux de cholestérol n’est pourtant pas proportionnelle aux taux de composés perfluorés, ce pourrait s’expliquer par une saturation du mécanisme physiologique impliqué.
Quoiqu'il en soit, il semble bien que les PFOS et PFOA (et peut-être l’ensemble des composés perfluorés) élèvent les taux de cholestérol, au moins chez les jeunes. Toutefois, les liens de causes à effets ne sont pas prouvés et méritent des travaux supplémentaires.