Notre nez détecterait plus rapidement les mauvaises odeurs alimentaires que les autres. Cette faculté serait un moyen d’éviter la consommation de nourriture avariée potentiellement dangereuse pour l’organisme.
Les facultés de perception de l’homme ne sont pas liées au hasard : l’évolution les a conservées parce qu’elles représentaient un avantage adaptatif.
C’est le cas de la sensation de la douleur par exemple : des blessures importantes peuvent être évitées grâce à des réflexes consécutifs à la douleur et nous apprenons à éviter les situations où l’on risque de souffrir. Les personnes atteintes d’analgésie congénitale (dépourvues génétiquement de la sensation de douleur) peuvent alors se blesser beaucoup plus fréquemment.
L’évolution a aussi favorisé l’apparition d’une autre sensation désagréable : les mauvaises odeurs. Chez l’homme, le sens de l’olfaction est assuré par la muqueuse olfactive nasale où les molécules odorantes provoquent l'activation des neurones reliés au bulbe olfactif. Le cortex situé dans le cerveau peut alors identifier la nature de l’odeur.
Si nous préférerions ne pas sentir celles qui s’échappent de la poubelle, une étude très sérieuse menée au Centre de recherche en neuropsychologie et cognition (Cernec) du Département de psychologie de l’université de Montréal montre qu'elles ont en fait une grande importance.
Une personne qui sent la transpiration n’influence pas votre survie. Alors qu’un poisson qui sent mauvais, et que l’on soupçonne donc d’être d’une fraîcheur plus que douteuse, est une source certaine de bactéries qui peuvent nuire à votre estomac et à votre santé…
C’est pourquoi une nouvelle étude sur l'olfaction a différencié les types de mauvaises odeurs : alimentaires (potentiellement dangereuses) et non alimentaires (ne représentant pas un risque significatif pour l’organisme), ce qui n’avait jamais été fait jusqu’à présent.
Systèmes olfactifs et visuels, même combat
Pour cela, quatre odeurs ont été présentées à 40 personnes. Dès que l’odeur était perçue, sans nécessairement être identifiée, les participants devaient appuyer sur un bouton relié à un chronomètre. De cette manière, les chercheurs ont pu comparer la vitesse de perception des odeurs d’orange, de poisson avarié, de rose et de chaussette sale.
Les résultats publiés dans le journal Biological Psychology indiquent que l’odeur de poisson avarié est perçue en 1.300 millisecondes, soit plus rapidement que les trois autres pour lesquelles 1.700 millisecondes sont nécessaires en moyenne.
Cela démontre que l’origine alimentaire de l’odeur désagréable est importante, même si l’odeur des chaussettes sales a été jugée plus gênante que celle du poisson avarié.
Les chercheurs n’ont pas pu mettre en évidence une différence entre les deux sexes, ce qui semble cohérent puisque la nourriture avariée est un danger pour tous les individus.
D’un point de vue biologique, l’origine de la différence de rapidité de perception des odeurs n’est pas claire. Toutefois, ces résultats sur le système olfactif confirment ceux obtenus sur le système visuel.
Une étude sur la vitesse de perception d’images désagréables avait montré qu’un visage en colère au milieu de visages souriants est détecté plus rapidement qu’un visage souriant au milieu de visages en colère. La perception d’un danger est donc prioritaire pour notre organisme, même si cela nous est désagréable.