Les "acides gras trans", très répandus dans les aliments industriels, sont souvent montrés du doigt pour leurs effets néfastes pour la santé, mais ceux qui proviennent de produits naturels sont - à faible dose - bénéfiques pour le coeur, selon une étude menée en Auvergne.
Les acides gras trans, qui font partie des acides gras insaturés, sont de deux sortes.
Ils peuvent provenir d'un traitement d'hydrogénation des huiles végétales: on les trouve fréquemment dans les plats préparés, les biscuits, les snacks, les viennoiseries ou les pâtes à tarte, souvent sous l'appellation "huiles végétales hydrogénées". Consommés en excès, ils sont estimés toxiques pour le coeur et globalement mauvais pour la santé. Leur utilisation est réglementée, voire interdite, dans certains pays ou villes.
Ils peuvent aussi être d'origine naturelle, issus des produits dérivés de ruminants comme le lait et la viande. L'impact de ces types d'acides gras trans "n'a jusqu'ici que peu été étudié", selon des chercheurs de l'Institut national de la recherche agronomique à Clermont-Ferrand.
De fait, à petite dose, "ils n'ont pas d'effets délétères en termes de risques cardio-vasculaires", selon l'un d'entre eux, Jean-Michel Chardigny. Ils sont même sans doute bénéfiques.
Cette matière grasse laitière, a-t-il indiqué devant la presse, est principalement obtenue durant les mois de printemps et du début de l'été, "quand l'herbe est grasse". On peut arriver au même résultat en ajoutant dans l'alimentation des vaches en étable des graines de lin, de luzerne ou de lupin, riches en oméga 3.
Pour une étude, publiée récemment dans l'European journal of clinical nutrition, les chercheurs ont comparé les effets de laits d'hiver, enrichis ou non en graines de lin.
Pendant trois semaines, 111 personnes, divisées en trois groupes, ont consommé du beurre, de la crème dessert et des cookies. Pour un groupe les produits avaient été fabriqués avec du lait d'hiver simple (72% d'acides gras saturés et 2,8% d'acides gras trans), pour un autre avec du lait enrichi en graines de lin (63% d'acides gras saturés et 4% d'acides trans) et pour un troisième avec du lait très enrichi en graines de lin (56% d'acides gras saturés et 12% d'acides gras trans).
Ceux qui avaient consommé des produits laitiers avec une augmentation "limitée" de la proportion d'acides gras trans avaient plus de "bon" cholestérol que les autres. "Cela correspondait à une réduction de 9,5% du risque d'infarctus du myocarde", selon les chercheurs.
Le régime alimentaire le moins bénéfique était celui le plus chargé en acides gras trans.
Pour les chercheurs, ces données pourraient être prises en compte par la filière pour "améliorer la qualité nutritionnelle de la matière grasse".