Certains composés contenus dans les fruits participent à la conservation de notre santé. La lutéoline du céleri ou des poivrons permettrait de diminuer les effets négatifs de l’âge sur le fonctionnement du cerveau.
Les cinq fruits et légumes quotidiens devant faire partie de notre alimentation sont laissés à notre libre choix. Alors pourquoi ne pas sélectionner du céleri, des carottes, du poivron, de la camomille et du romarin ? Un article publié dans le Journal of Nutrition indique en effet qu’un composant retrouvé dans chacun de ces végétaux aurait un effet bénéfique sur les pertes de mémoire liées à l’âge.
Le composé en question, la lutéoline (ou lutéolol) est une molécule de la famille des flavonoïdes, des métabolites secondaires des plantes correspondant à une sous-classe des polyphénols (qui sont eux contenus notamment dans le vin rouge et le thé vert). La lutéoline est connue pour avoir des actions antioxydantes, luttant contre le cancer. Son effet anti-inflammatoire a mené une équipe de recherche basée à l’université de l’Illinois à Urbana-Champaign à s’intéresser particulièrement à l’action de la lutéoline sur des cellules immunitaires particulières.
Ces cellules, apparentées aux macrophages, forment une population que l’on appelle la microglie, spécifiquement retrouvée dans le système nerveux central. Cette population cellulaire s’active en cas d’infection (c’est l’inflammation) et donne au cerveau l’ordre de reposer l’organisme (fatigue, perte d’appétit…), grâce à la synthèse de petites molécules : des cytokines. Or, au cours du vieillissement, l’activité de la microglie se dérègle et synthétise de manière inappropriée ces mêmes cytokines, ce qui pourrait être à l’origine de maladies neurodégénératives.
Action ciblée sur des cerveaux âgés
Les chercheurs ont montré par des expériences in vitro que les cellules microgliales exposées à des molécules bactériennes (des lipopolysaccharides) produisent des cytokines capables de tuer les neurones. C’est là que l’action bénéfique de la lutéoline intervient : la molécule empêche la microglie de synthétiser les cytokines toxiques pour les neurones, ce qui sauve les cellules nerveuses.
Ces résultats préliminaires ont alors donné l’envie aux chercheurs d’aller un cran plus loin, en étudiant l’effet de la lutéoline directement sur des cerveaux animaux. Pour cela, des souris jeunes adultes (3 à 6 mois) ou âgées (22 à 24 mois) ont été alimentées par un régime contrôlé, supplémenté en lutéoline, sur une durée de quatre semaines. L’effet de la molécule a été étudié en analysant la mémoire spatiale des souris ainsi que le niveau d’inflammation dans la région du cerveau appelée l’hippocampe, impliquée dans la mémoire et l’orientation spatiale.
Sans surprise, les souris âgées ont un taux plus élevé de marqueurs d’inflammation dans l’hippocampe que les souris jeunes. Les souris âgées supplémentées en lutéoline ont toutefois obtenu de meilleurs scores en ce qui concerne des tâches d’apprentissage et de mémoire que le groupe contrôle et le niveau d’inflammation avoisinait celui des souris jeunes. La molécule n’a en revanche pas d’effet sur les cerveaux des jeunes souris.
Des études ont montré que des molécules voisines de la lutéoline sont capables d'aller dans le cerveau, suggérant qu'elle agit directement sur les cellules microgliales pour réduire l'inflammation, au moins dans la zone du cerveau liée à la mémoire. Une fois de plus, la recherche montre qu'une alimentation saine est sans doute capable de réduire les effets néfastes liés à l'âge.