Avant d'envisager tout traitement de la dysfonction de l'érection, il est indispensable de faire le point sur la santé cardiovasculaire.
«L'érection est une sentinelle de la santé cardio-vasculaire, affirme le Pr François Giuliano, urologue à l'hôpital Raymond-Poincaré (Garches). D'une façon générale, lorsqu'un homme au-delà de 50 ans voit apparaître un problème mécanique d'érection, c'est, jusqu'à preuve du contraire, une maladie cardiovasculaire.»
Il s'agit donc d'une affection très fréquente et, à l'heure actuelle, un homme sur trois âgé de plus de 55 ans est atteint de dysfonction érectile.
Les facteurs de risque (obésité, tabagisme, sédentarité) sont également communs et les hommes atteints d'hypertension artérielle, de dyslipidémie, de maladie coronarienne et de diabète sont largement touchés par la dysfonction érectile. «Un homme qui vieillit et qui voit apparaître des symptômes de dysfonction érectile doit aller voir son médecin, même s'il n'en souffre pas, car elle peut être le symptôme d'une autre maladie», indique le Pr Giuliano.
Santé cardiovasculaire
Avant d'envisager tout traitement de la dysfonction de l'érection, il est donc indispensable de faire le point sur la santé cardiovasculaire. Il a par ailleurs été établi que, pour ce type de patient soumis à des facteurs de risque cardiovasculaire, l'apparition d'une dysfonction érectile sur sept à huit ans est un facteur de risque supérieur d'accident vasculaire cérébral, d'infarctus du myocarde et de mort subite.
À l'heure actuelle, un homme sur deux suivi par un cardiologue a ainsi un problème d'érection et un simple changement d'hygiène de vie lié à la prévention du risque cardiovasculaire peut parfois permettre d'améliorer spontanément la fonction érectile.
S'il existe depuis longtemps des traitements satisfaisants de la dysfonction érectile, l'arrivée des traitements par voie orale en 1998 a été une véritable révolution. «Pour la première fois, avec un traitement simple et sûr, on a pu redonner la capacité d'une sexualité avec pénétration aux hommes âgés», souligne le Pr Giuliano, qui tient à préciser qu'il est possible d'avoir une sexualité épanouie sans pénétration.
Tous les hommes ne se plaignent donc pas de leurs troubles de l'érection et ces médicaments ne doivent être prescrits que face à une souffrance exprimée.
Médicaments non remboursés
La dysfonction érectile se définit par l'incapacité récurrente ou permanente, pendant au minimum trois mois, d'obtenir en situation de stimulation sexuelle une érection permettant un rapport avec pénétration satisfaisant. Les traitements oraux actuels sont tous des médicaments à portée cardio-vasculaire qui préviennent les conséquences d'un défaut de fonctionnement des cellules épithéliales des vaisseaux sanguins de la verge.
Ils ne doivent pas être prescrits aux patients incapables de faire l'effort physique correspondant à un rapport sexuel avec pénétration et à ceux qui reçoivent un traitement à base de dérivés nitrés.
Ces médicaments sont des facilitateurs de l'érection et permettent, avec une stimulation sexuelle, de restituer une érection satisfaisante pour deux tiers des patients. «Leur seul véritable inconvénient, à l'heure actuelle, c'est leur prix, puisque aucun de ces médicaments n'est remboursé et que de nombreux patients y renoncent pour cette raison», regrette le Pr Giuliano.
Pour ces patients ou ceux qui ne répondent pas à ces molécules, il faut recourir à des traitements plus anciens, comme des injections dans la verge ou l'utilisation d'une pompe pénienne. Si ces traitements échouent, il est possible de poser une prothèse pénienne.
Ces traitements sont moins favorables à une sexualité conviviale et spontanée et des essais sont en cours, notamment par l'équipe du Pr Giuliano, pour développer des traitements oraux pour les patients qui ne répondent pas à ceux qui existent à l'heure actuelle.