Une maladie moins vulnérable qu’on le pense
L'épilepsie est une des maladies neurologiques les plus fréquentes, elle touche environ 40.000 personnes en Tunisie et plus de 40 millions partout dans le monde.
Cependant, jusqu’à nos jours, certains tunisiens pensent encore que son origine est paranormale. Ils ont recourt aux charlatans et aux marabouts au lieu de consulter les centres de la santé publique. Zoom sur cette maladie.
Flash historique
Au moyen âge, l’épilepsie était considérée comme une possession diabolique redoutable et contagieuse. Les elliptiques étaient à l’époque mis à l’égard de la société. Durant la Renaissance l’épilepsie était alors considérée plutôt comme reliée au génie.
Ainsi, il faudra attendre la fin du XIXe siècle avec John Hughlings Jackson qui fera avancer la connaissance sur la maladie épileptique, en donnant une première classification anatomie-clinique des phénomènes épileptiques.
L’épilepsie dont le mot même fait encore peur demeure mal définie et mal comprise par plusieurs tunisien malgré les efforts considérables de la vulgarisation de cette maladie en Tunisie.
Qu’est ce que c’est l’épilepsie ?
L’épilepsie, appelée aussi comitialité ou mal comitial est une affection neurologique, un trouble du système nerveux dû à un brusque dysfonctionnement des cellules du cerveau qui perdent momentanément leur activité physiologique normale.
Il s’agit d’une hyperactivité cérébrale paroxystique qui peut se manifester par des convulsions (contractures musculaires rythmiques, plus ou moins importantes et involontaires) ou une perte de conscience, voire par des hallucinations complexes inaugurales.
L’épilepsie n'altère en rien les capacités intellectuelles. Cependant, en Tunisie beaucoup de personnes prennent encore l’épilepsie pour une maladie mentale car au cours de certaines crises les patients peuvent présenter des troubles de comportements.
L’épilepsie en chiffre
En Tunisie, comme partout dans le monde, l’épilepsie touche aussi bien les jeunes et enfants que les adultes et les personnes âgées. Une enquête menée par l’Association Tunisienne de Lutte contre l’épilepsie montre que la prévalence de l’épilepsie au sein de la population tunisienne se situe aux alentours de 4 pour mille habitants et sans différence significative selon le sexe.
Cette enquête a révélé que l’épilepsie est particulièrement fréquente chez les enfants de moins de dix ans ainsi que dans les tranches d’âge de 50 à 59 ans.
Epilepsie et situation familiale
Selon Le Dr. S. Hajjam de l’Institut National de Santé publique de Tunis, ces études montrent que le seul facteur déterminant serait la situation familiale vu que le taux des d’épileptiques célibataires semble plus ou moins élevé. Il annonce que ce taux tend à atteindre 37% des épileptiques. « Ce pendant il n’y a aucune explication définitive qui peut établir un lien pertinent entre l’épilepsie et la situation matrimoniale » ajoute –il.
Les patients épileptiques et les crises d’épilepsie
La gravité de l’épilepsie dépend de la cause qui, une fois trouvée, devrait être traitée si possible. On ne peut qualifier quelqu’un d’épileptique qu’à la suite de plusieurs crises épileptiques.
Souvent Les crises épileptiques ne sont pas graves mais les malades risquent de se blesser en tombant. La crise peut durer de quelques secondes à plusieurs minutes.
Il arrive rarement que la crise d’épilepsie dure longtemps ; dans ce cas, le cerveau risquerait de souffrir à cause de l’anoxie.
Réparties en trois catégories ces crises peuvent avoir plusieurs formes :
Les crises tonico-cloniques : elles se manifestent à travers des convulsions sous la forme de mouvements saccadés au niveau du bras, de la jambe ou de tout un côté du corps.
Les crises généralisées : c’est une manifestation parfois assez spectaculaire, on l’appelle aussi "grand mal". Elles peuvent s’accompagner d’une perte de connaissance et d’un arrêt respiratoire.
« Absente » ou « Petit mal » : elles sont moins spectaculaires et concernent le plus souvent les enfants. Elles se manifestent par une perte brusque du contact avec regard vitreux.
Les causes l’épilepsie
L’épilepsie est due à un mauvais fonctionnement des circuits électriques dans le cerveau. Les causes de l'épilepsie sont très nombreuses, tout le monde peut être concerné par l'apparition d'une crise d'épilepsie sans pour autant être épileptique.
Elle peut être due à des causes organiques telles que la tumeur cérébrale. Ou bien il peut s’agir d’une épine irritative, un accident vasculaire cérébral, une hypoglycémie ou un traumatisme crânien.
Selon Dr Kallel, neurologue et secrétaire général de l’Association tunisienne de lutte contre l’épilepsie (ATLCE) les causes de cette pathologie peuvent, en outre, être congénitales ou acquises, c’est pourquoi ce spécialiste appelle à une prise en charge multidisciplinaire et une assistance particulière.
Diagnostique de l’épilepsie
Aujourd’hui, les moyens de diagnostic sont plus précis. Le diagnostic repose sur :
* L’électroencéphalogramme
* Le scanner cérébral
* L’IRM (qui permet parfois de trouver la cause de l’épilepsie)
Le diagnostique de l’épilepsie s’accompagne souvent par une analyse du fond d’œil, une radiographie du crâne et une analyse de la glycémie.
Traitements de l’épilepsie : la chirurgie un nouvel espoir des épileptiques en Tunisie
Le traitement a pour but de supprimer les crises. Les médicaments utilisés sont des antiépileptiques ou anticonvulsivants (contre les convulsions). Le médecin a le choix parmi de nombreux produits.
Pour 20 à 25% des cas, le traitement médical n'arrive pas à faire disparaître les crises.
Aujourd’hui, la chirurgie constitue désormais le remède incontournable et nécessaire pour traiter l’épilepsie de façon définitive. Il s’agit d’un nouvel espoir pour les personnes souffrantes de l’épilepsie
Selon le Dr Amel Bahri Mrabet, professeur de neurologie à l'hôpital Charles Nicolle cette opération consiste à soustraire une petite partie du cerveau qui est responsable de la crise épileptique. Et le malade s'améliore. Il y a également, un autre type de traitement non médicamenteux, c'est la pose d'une stimulation du nerf vague.
Prise en charge de l’épilepsie
La Tunisie dispose des derniers moyens de diagnostic des crises épileptiques (avec l’utilisation de l’EEG vidéo et les nouvelles techniques d’imagerie cérébrale (morphologique et fonctionnelle). On assiste à une amélioration de la prise en charge des épileptiques qui ne se limitent plus à l’utilisation des médicaments antiépileptique mais inclus aussi une prise en charge chirurgicale. C’est une Opérations coûteuses mais intégralement prises en charge par la CNAM.
« La prise en charge de cette maladie est trop onéreuse en Tunisie » a estimé Dr Monji Khallal neurologue. Ce sont des patients qui demandent des explorations assez lourdes, dit-il. La chirurgie est un acte qui coûte trop cher. Heureusement qu'en Tunisie, les autorités aident beaucoup à la prise en charge de cette pathologie. La CNAM prend en charge d'une façon intégrale cette maladie.
L’Association Tunisienne de Lutte contre l’Epilepsie (ATLCE)
L’Association Tunisienne de Lutte contre l’Epilepsie (ATLCE) vise à améliorer la prise en charge médicale du patient épileptique ainsi que son intégration dans la société.
L’ATLCE organise régulièrement des réunions scientifiques à l’échelle nationale et internationale pour le personnel médical afin de contribuer à la diffusion des nouveautés dans le traitement de l’épilepsie.
Dans le même contexte, l’ATLCE publie un journal semestriel intitulé (ATLCE Informations). Ce journal a pour objectif principal de rapporter les activités scientifiques et sociales qui se sont déroulées durant le semestre précédent.