La question pourrait sembler saugrenue mais de nombreuses études suggèrent, curieusement, qu’arrêter de fumer juste quelques semaines avant une intervention chirurgicale, pourrait avoir des conséquences néfastes sur les résultats cliniques postopératoires.
Cette étude canadienne, financée par les Canadian Institutes of Health fait le point sur l’arrêt du tabac, quelques jours avant une intervention. Des conclusions publiées dans l’édition en ligne du 14 mars des Archives of internal Medicine, une des revues du JAMA.
L’objectif de cette étude était donc d’examiner ces études qui comparent l’état de santé des patients après intervention, qui ont récemment cessé de fumer avec ceux qui continuent à fumer et de fournir une recommandation fondée sur des preuves scientifiques aux personnels de santé concernés.
Des préoccupations ont déjà été exprimées quant à l'arrêt du tabagisme dans les 8 semaines avant l’intervention, suggérant que l’arrêt peut être préjudiciable pour les résultats postopératoires. Cela a généré une incertitude considérable même dans services de santé qui conseillent l’arrêt du tabac en milieu hospitalier et en font une priorité importante.
Les fumeurs qui arrêtent peu de temps avant une intervention chirurgicale auraient, selon certaines études, un risque augmenté de moins bons résultats chirurgicaux, ce qui peut indiquer que l'arrêt du tabac juste avant une intervention est moins bénéfique que cesser de fumer bien longtemps avant, et non pas que c’est risqué.
Cette revue systématique de la littérature scientifique a donc analysé, jusqu’à mai 2010, les études publiées dans les bases de données scientifiques suivantes: la British Nursing Index (BNI), The Cochrane Library database, Cumulative Index to Nursing and Allied Health Literature (CINAHL), Embase, Medline, PsycINFO. Les études qui permettaient une comparaison des complications postopératoires chez les patients subissant tout type d’intervention, liées à l’arrêt ou non du tabagisme ont été incluses dans la méta-analyse.
Résultats : Sur 9 études répondant aux critères d'inclusion, on retrouve un effet bénéfique de l'abandon récent, avant l’intervention, par rapport à la poursuite du tabagisme, et aucun relevé d'effets néfastes.
Dans les méta-analyses, cesser de fumer dans les 8 semaines avant la chirurgie n'est donc pas associé ni à une augmentation, ni à une diminution globale des complications postopératoires pour l’ensemble des études disponibles (risque relatif [RR], 0,78; IC 95% de 0.57 à 1.07).
Les données scientifiques existantes indiquent que la crainte qu’arrêter de fumer seulement quelques semaines avant l'intervention chirurgicale pourrait aggraver les résultats cliniques, n'est pas fondée.
Les patients doivent être encouragés à arrêter de fumer le plus tôt possible avant une intervention (et d’une manière générale), mais il n'y a aucune preuve suggérant de ne pas arrêter à tout moment avant la chirurgie.