Le concept peut faire hausser un sourcil mais il est pris très au sérieux par une équipe de chercheurs de l'Université de Californie à San Diego (UCSD) et à Los Angeles (UCLA). Ils ont étudié l'influence d'une forme de traitement capable de se transmettre d'individu à individu.
Le SIDA est une maladie du système immunitaire tristement célèbre. Selon les dernières statistiques publiées par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), elle touche aujourd'hui plus de 33 millions de personnes dans le monde.
Les chercheurs de Californie ont publié une étude mettant en avant le rôle bénéfique d'un traitement "infectieux", basé sur des particules synthétiques copiant les propriétés d'un virus, dans ce cas le VIH.
Ces particules ont en effet la capacité de s' "accrocher" au VIH et de se transmettre en même temps que lui (par voie sexuelle ou sanguine, la plupart du temps) d'une personne infectée à une autre.
Ainsi, les individus qui propagent la maladie pourraient en même temps propager le traitement, facilitant son accès aux populations pauvres ou isolées, qu'il est difficile de traiter par des moyens conventionnels.
Les chercheurs ont étudié l'impact d'un traitement de ce type, en créant un modèle épidémique prenant en compte de nombreux facteurs tels que la répartition démographique et géographique du virus, la charge virale portée par les personnes infectées et l'efficacité des traitements connus à ce jour.
Les résultats sont encourageants et montrent par exemple qu'une intervention basée sur ces particules pourrait diviser le nombre de personnes séropositives en Afrique Sub-saharienne par trente sur une période de trente ans.
Ce résultat est à comparer avec les projections liées aux campagnes de vaccination ou de traitement antirétroviral, qui prévoient dans le meilleur des cas moins de cinquante pour cent de réduction du nombre de personnes infectées dans la même période de temps.
Les particules imaginées par les chercheurs californiens, appelées "Particules Thérapeutiques Interférentes" (TIP) sont des parasites moléculaires ciblant le VIH.
Elles partagent la même enveloppe externe que le virus mais n'ont pas le matériel génétique et les enzymes permettant de produire cette enveloppe. Elles ne peuvent donc se transmettre, infecter de nouvelles cellules et se répliquer qu'en présence du VIH. En l'absence du virus, les TIPs sont inactives et elles persistent dans l'organisme pendant plusieurs années.
L'objectif final d'un tel modèle de thérapie serait d'introduire des gènes ayant la capacité d'interférer avec l'activité du VIH au sein des TIPs. Les chercheurs ont annoncé avoir réussi à synthétiser des prototypes fonctionnels. Les TIPs n'ont pas vocation à être utilisées seules mais à venir en complément des thérapies existant actuellement.
La notion d'une particule thérapeutique infectieuse est jugée "provocante" et le Dr. Weinberger, qui mène les études en cours à UCSD et UCLA, a reconnu que le développement des TIPs soulevait des problèmes éthiques qu'il analyse d'ores et déjà avec des bio éthiciens.
Il rappelle cependant que certains vaccins actuellement utilisés, comme le vaccin oral contre la polio, présentent la même propriété de "transmissibilité" que les TIPs. Cette caractéristique a été considérée comme un atout dans la lutte contre la polio et on ne peut qu'espérer qu'une conclusion similaire sera atteinte pour les TIPs.