Les scientifiques du Centre allemand de recherche sur le cancer (Deutsches Krebsforschungszentrum, DKFZ), en collaboration avec des chercheurs de Harvard, ont découvert que les myocardites ou inflammations du muscle cardiaque qui peuvent être fatales, sont causées par les attaques d'un type spécifique de cellules immunitaires.
Ces conclusions, publiées dans l’édition du 23 mars du Journal of Clinical Investigation contribueront au développement de traitements plus spécifiques contre la myocardite auto-immune cherchant à bloquer, de manière sélective, des lymphocytes T spécifiques.
Ces cellules du système immunitaire attaquent les tissus du cœur, car au cours de leur maturation, elles n'ont pas eu l’opportunité de développer une tolérance contre une protéine qui se trouve uniquement dans le muscle cardiaque.
La myocardite, précède souvent une hypertrophie du cœur dangereuse et souvent mortelle. Dans de nombreux cas, le seul traitement prometteur est la transplantation cardiaque.
Pendant de nombreuses années, la littérature scientifique et médicale a suggéré que cette inflammation dangereuse est causée par des réactions auto-immunes, c'est à dire, les attaques de son propre système immunitaire.
Il s’agissait dans cette recherche, d’identifier les protéines dans le muscle cardiaque, cibles de ces attaques immunitaires ainsi que les cellules immunitaires qui endommagent les tissus du muscle cardiaque.
En collaboration avec des collègues de Harvard, du Dana Faber Cancer Institute (U.S.), le Pr. Bruno Kyewski du DKFZ a mené sa recherche sur ces cellules immunitaires responsables sur des souris spontanément touchées par une myocardite fatale et a découvert que α-MyHC, un type de protéine appelée myosine du muscle cardiaque, est la cible des cellules immunitaires. Cette protéine est hautement spécifique au muscle cardiaque et ne se trouve pas dans les muscles du squelette.
Pourquoi les cellules immunitaires attaquent soudainement cette protéine inoffensive qui leur est propre ? Le Pr. Bruno Kyewski explique : “Les cellules T, un type spécifique de cellules immunitaires, sont préparées au cours de leur développement précoce, dans un organe spécial appelé thymus.
Dans le thymus, durant leur maturation, les cellules T apprennent à reconnaître une multitude de molécules de l'organisme comme étant sans danger. Nous avons découvert que cette protéine, α-MyHC, n’est pas présente dans le thymus de ces souris. Les cellules T n'ont donc pas l'occasion, au cours de leur maturation de développer une tolérance spécifique vis-à-vis de α-MyHC".
En modifiant le matériel génétique des souris de telle manière que leur thymus devienne capable de produire des α-MyHC, alors les chercheurs “obtiennent” des souris qui ne sont plus affectées par une myocardite auto-immune.
Cette hypothèse semble être valable non seulement pour les souris, mais aussi pour les humains. Car les chercheurs montrent aussi que les tissus de thymus humain ne produisent pas de α-MyHC. Par conséquent, il ya des cellules T de façon permanente circulant dans le sang, qui ont également le potentiel d'attaquer le cœur.
"Normalement, cela ne pose aucun problème», a déclaré Bruno Kyewski". Mais si le muscle cardiaque est endommagé par une infection virale ou un infarctus, de plus grandes quantités de α-MyHC sont libérées du tissu défectueux."
Ces résultats doivent contribuer au développement de traitements plus spécifiques contre la myocardite auto-immune.
Jusqu'à présent, l’approche thérapeutique était de tenter de supprimer la production d'anticorps chez les patients. "Mais maintenant nous savons qu’en bloquant de manière sélective des lymphocytes T spécifiques, peut protéger le cœur dans cette situation clinique”