Alors que l'obésité continue de progresser chez l'adulte, les programmes nationaux (notamment le Programme National Nutrition Santé dont la deuxième édition se termine en 2011) ont eu un impact sur le surpoids chez l'enfant.
Informant et accompagnant les parents dès la naissance sur les réflexes à adopter face à ce risque, les infirmières puéricultrices insistent notamment sur l'importance d'un sommeil de qualité, pointée par une récente étude néo-zélandaise.
Laurence Guéry, infirmière puéricultrice, coordinatrice du Réseau de Prévention et Prise en charge de l'Obésité des Yvelines (REPOP 78) et membre de l'ANPDE (Association Nationale des Puéricultrices Diplômées et des Etudiantes), recommande le triptyque "dormir-bouger-manger" pour lutter contre l'obésité chez l'enfant1.
"Les premiers résultats des deux PNNS sont encourageants !", déclare Laurence Guéry. Même si, chez l'adulte la courbe de l'obésité poursuit sa croissance, celle de l'enfant connaît une réduction de 20 % et coïncide avec la mise en place du PNNS 1 et 2.
Une légère augmentation de la consommation de fruits et légumes et une prise de conscience vis à vis de l'alimentation, notamment face au sel et aux aliments sucrés, sont à noter. "C'est la première fois depuis 40 ans que la courbe de l'obésité fléchit", précise-t-elle.
Savoir dormir
"Face à l'obésité de l'enfant, il faut une véritable hygiène de vie dont le sommeil fait partie", affirme Laurence Guéry.
Une mauvaise qualité ou un manque de sommeil augmenterait les risques d'obésité. Son rôle est prépondérant dans la mise en place des mécanismes de régulation de l'appétit et de la dépense énergétique. Un manque perturbe les secrétions hormonales, en particulier celle de l'insuline, et augmente ainsi le risque d'obésité.
Une récente étude néo-zélandaise publiée dans le British Medical Journal2 a évalué les habitudes de sommeil de 244 enfants de 3 à 5 ans pour voir comment la durée de sommeil pouvait affecter leur indice de masse corporelle (IMC) à l'âge de 7 ans.
Résultat : chaque heure de sommeil supplémentaire est associée à une réduction de l'IMC de 0,49 à l'âge de 7 ans. Ce qui correspond (pour une taille moyenne) à 0,7 kg.
"Alors que cela semble mineur à un niveau individuel, les bénéfices en termes de santé publique, appliqués à la population générale sont considérables (...)
Notre étude montre une réduction de 61 % d'être en surpoids ou obèse à 7 ans pour chaque heure supplémentaire de sommeil" précisent les auteurs. Une différence principalement liée à un dépôt plus important de masse graisseuse chez les enfants en manque de sommeil.
Savoir bouger
Alors que l'environnement est de plus en plus incitatif pour permettre aux enfants de bouger avec plaisir, on constate que le manque d'activité physique (favorisé par les jeux vidéo) reste un facteur important d'obésité.
"Même s'il pleut, il y a toujours des activités qui permettent de faire bouger les enfants. Bouger au quotidien doit devenir systématique, au moins 30 minutes par jour ! Les parents doivent également limiter le temps que passent les enfants devant les écrans quels qu'ils soient", précise Laurence Guéry.
Savoir manger
Selon Laurence Guéry, manger de façon conviviale et en famille protège de l'obésité. "Les parents devraient apprendre à leurs enfants à manger avec plaisir. C'est un moment de partage, de découvertes de nouvelles saveurs, de transmissions familiales et culturelles".
Or, de mauvais réflexes peuvent facilement s'installer : les repas ne sont plus structurés et les plus jeunes ont pris l'habitude de manger seuls et, souvent, devant la télévision.
"C'est une pratique alimentaire délétère", poursuit-elle. Elle préconise également de favoriser la diversité des aliments, en offrant aux enfants de découvrir de nouveaux aliments.
"Nous sommes programmés pour préférer les aliments gras et sucrés. Ainsi, apprécier une variété alimentaire est un vrai apprentissage ! Si on veut que nos enfants mangent de tout, il faut précocement les mettre en lien avec tous les aliments et ne pas être rebuté par la surprise d'un enfant face à un nouveau goût.
Au contraire, il faut verbaliser son émotion car cela ne veut pas dire qu'il ne l'apprécie pas. Il faut aller au-delà du "bon, pas bon" ou "j'aime, j'aime pas"", explique Laurence Guéry.
La bonne quantité
Lorsqu'un enfant est obèse, lui interdire de manger des produits sucrés ou gras n'est pas forcément une solution. Il faut recadrer le rythme alimentaire et diversifier.
"C'est une question de quantité. On mange moins à 2 ans qu'à 4 ans ou qu'à 15 ans ! Les besoins sont également différents en fonction de l'activité et du sexe". Un jeune en surpoids a toujours tendance à sous-évaluer la quantité : il ne comptabilise pas tout ce qu'il mange.
Sur le plan cognitif, l'obèse présente des distorsions : "il va manger une boîte entière et aura l'impression de n'avoir pris qu'une cuillère" conclut Laurence Guéry.