Face au cancer de l'ovaire, le traitement repose sur la chirurgie suivie d'une chimiothérapie, à répéter en fonction des récidives.
L'enjeu de la recherche face à cette maladie est double : détecter plus tôt ce cancer et mieux le traiter pour réduire le risque de récidives. Plusieurs études présentées dans le cadre du congrès de cancérologie américain (ASCO 2011) apportent des réponses "mitigées".
Le cancer de l'ovaire est le 8e cancer féminin en nombre de cas et le 7e en nombre de décès dans le monde. Le traitement repose sur la chirurgie qui vise à enlever la plus grande partie possible de la tumeur.
Mais faute de tests de dépistage fiable, ce cancer est souvent détecté tardivement, ce qui augmente le risque de récidive après traitement. Après la chirurgie, le traitement repose sur une combinaison "classique" de chimiothérapie, qu'il faudra renouveler en cas de réapparition de la tumeur.
Ces médicaments ont progressé ces dernières années, grâce à l'arrivée de nouveaux composés actifs mais aussi à de nouvelles modalités d'administration : en plus de la chimiothérapie par voie sanguine (perfusion intraveineuse ou intra-artérielle), la chimiothérapie intra-péritonéale permet dans certains cas d'agir plus rapidement sur les foyers tumoraux intra-pelviens.
Le suivi vise à identifier précocement de possibles récidives et se fait grâce à l'examen clinique, la biologie (marqueur CA-125) et l'imagerie. Mais ces mêmes examens ont-ils une utilité dans le dépistage précoce de ce cancer ?
Toujours pas de test de dépistage efficace
Parce qu'il est détecté tardivement, le cancer de l'ovaire est difficile à traiter. D'où l'intérêt pour les chercheurs de trouver des tests permettant un diagnostic précoce des tumeurs. Aujourd'hui différentes tentatives ont été lancées basées sur des tests sanguins, des tests combinant tests sanguins et imagerie dans le cadre d'étude sur un échantillon restreint de femmes...
Cette année, une vaste étude multicentrique incluant près de 80 000 femmes a testé l'intérêt de combiner le test sanguin CA-125 et des échographies transvaginales sur la réduction du risque de mourir de ce cancer1. Au total, 39 105 femmes bénéficiaient ce dépistage annuel (CA-125 durant 6 ans, échographies transvaginales pendant 4 ans) et 39 111 une prise en charge classique.
L'étude a duré de 1993 à 2001. Résultat : pas de différence significative en nombre de cas ou de décès dus à un cancer de l'ovaire entre les deux groupes (212 cas et 118 décès dans le groupe dépisté contre 176 cas et 100 décès dans l'autre groupe).
Plus problématique encore, le dépistage a entraîné un nombre très important de faux positifs (3 285 contre 212 vrais positifs), qui ont conduit à 1080 biopsies, et 163 complications sérieuses...
"Les résultats sont décevants, mais pas nécessairement surprenants. L'étude montre que les tests disponibles ne sont pas efficaces et pourraient causer plus de mal que de bien à cause du nombre élevé de faux positifs. Ces résultats soulignent encore le besoin d'outils de dépistage précis et efficaces pour cette maladie" conclut le Pr. Saundra Buys de l'Université de l'Utah, principal auteur de l'étude.
De nouvelles molécules pour renforcer l'effet de la chimiothérapie ?
De nouvelles molécules pourraient améliorer l'efficacité de la chimiothérapie donnée après chirurgie.
- Le bevacizumab (Avastin ®)
Premièrement, l'étude OCEANS2 a évalué l'ajout de l'Avastin ® (bevacizumab) à une chimiothérapie (gemcitabine et carboplatine), suivi de son administration en monothérapie (traitement de maintenance).
Par rapport aux femmes uniquement traitées par chimiothérapie, la période pendant laquelle la maladie n'évolue pas (survie sans progression médiane) est passée de 12,4 mois avec Avastin ® contre 8,4 mois (réduction de 52 % du risque de progression de la maladie).
On a constaté un rétrécissement de la tumeur (taux de réponse globale) chez 79 % des femmes sous traitement à base d'Avastin, contre 57 % des femmes sous chimiothérapie seule.
"Les femmes prenant bevacizumab vivent plus longtemps sans progression de la maladie et sans avoir besoin de recourir de nouveau à la chimiothérapie" déclare le Pr. Carol Aghajanian, principale auteure de l'étude.
Mais on ne dispose pas encore de résultats en termes d'amélioration de la survie globale. Même si on constate un gain en qualité de vie, ces données sont pourtant indispensables compte-tenu des effets secondaires de ces traitements (même faibles) et de leur coût...
- Farletuzumab, un anticorps monoclonal
Un anticorps monoclonal humanisé, le farletuzumab, a la particularité de se fixer sur le récepteur des folates à la surface des cellules cancéreuses. Une action qui stimulerait les défenses immunitaires de la patiente, qui assimile cet assemblage à un intrus qu'il faut éliminer. Une étude d'efficacité est en cours3.
- Iniparib, un anti-PARP
Une autre voie de recherche révélée l'an passé continue d'être explorée : les anti-PARP. Les enzymes PARP sont impliquées dans la réparation des dommages subis par l'ADN. Chez les cellules cancéreuses, ces mécanismes normalement bénéfiques se trouvent du côté des tumeurs, en réparant les dommages causés par la chimiothérapie.
En bloquant ce mécanisme, les chercheurs espèrent ainsi augmenter l'efficacité de la chimiothérapie. Un effet confirmé par une étude ultra-préliminaire in vitro avec l'iniparib, un anti-PARP4.
Vers un traitement de maintenance post-chimiothérapie ?
Une autre étude s'est intéressée à l'effet d'un traitement de maintenance (après chimiothérapie) d'un anti-PARP sur le risque de récidive de ce cancer5. 265 femmes ont reçu après chimiothérapie soit un placebo, soit l'olaparib.
La période pendant laquelle la maladie n'évolue pas a été de 8,4 mois chez les patientes traitées, contre 4,8 mois chez les femmes sous placebo. Là-encore, les données en termes de survie globale ne sont pas encore disponibles.
Face au cancer de l'ovaire, la recherche médicamenteuse s'attelle à deux objectifs. Il s'agit de disposer de composés permettant d'améliorer l'efficacité de la chimiothérapie et de réduire le risque de récidives grâce à des traitements de maintenance. L'espoir étant demain de pouvoir traiter ce cancer comme une maladie chronique...