Grâce à une greffe de cellules souches olfactives humaines, ou, comme l'écrit le CNRS, un peu plus de “flair”, ces souris amnésiques ont pu retrouver une partie de leurs fonctions cognitives.
La greffe de cellules souches s’avère capable de restaurer partiellement l'un des mécanismes de base de la mémorisation. C'est le résultat de cette expérience française de thérapie cellulaire inédite menée par plusieurs équipes du CNRS et de l’APHM.
Ces conclusions publiées dans l’édition en ligne du 13 juin du Journal of Clinical Investigation, ouvrent la voie à de nouvelles recherches, basées sur l'autogreffe de cellules souches nasales chez des patients souffrant d'une amnésie post-traumatique ou post-ischémique ou encore de la maladie d’Alzheimer.
La réparation du système nerveux central est un défi scientifique incitant des stratégies novatrices, rappelle les auteurs. Quelques zones du cerveau ont le pouvoir d’augmenter ou de diminuer la neurogenèse selon les exigences cognitives de l'environnement.
Toutefois, la neurogenèse échoue habituellement pour compenser les conséquences délétères de traumatisme sévère ou de maladies neurodégénératives et de la maladie d’Alzheimer. Par conséquent, la thérapie cellulaire est une alternative attrayante pour le traitement d'une variété de maladies neurologiques.
Cependant, le succès d'un traitement thérapeutique dépend fondamentalement du choix du type de cellule. Plusieurs types de cellules souches ont été proposés pour le traitement des lésions cérébrales. Des souris ont déjà reçu des cellules souches neurales, dans le cas de modèles expérimentaux de la maladie d'Alzheimer, du vieillissement ou d’autres troubles cognitifs.
Parmi les candidats potentiels de cellules souches, les cellules olfactives, implantées dans le tissu nerveux: La muqueuse olfactive est un terrain d'auto-renouvellement permanent des tissus nerveux, même chez les personnes âgées, qui abrite une variété de cellules de soutien de la fonction normale et de sa capacité de régénération.
L'utilisation de cellules souches nasales présente de nombreux avantages, ces cellules sont faciles à prélever et à cultiver. Chaque individu peut être son propre donneur, ce qui élimine tout risque de rejet immunitaire tout en garantissant un accès immédiat à ces cellules.
Ces équipes ont analysé les effets d'une transplantation de cellules souches olfactives humaines dans le cerveau ou le liquide céphalo-rachidien de souris rendues amnésiques.
Quatre semaines après la greffe, les tests comportementaux montrent que les souris transplantées ont retrouvé leurs capacités à apprendre et à mémoriser l'emplacement d'un objet ou l'association d'une récompense avec une odeur.
Les animaux greffés ont réalisé des scores similaires à ceux observés chez les animaux non lésés tandis que les souris lésées et non greffées demeuraient incapables de réaliser ces tâches d'apprentissage et de mémorisation.
L'analyse des tissus confirme ces résultats: les cellules souches nasales humaines se sont implantées dans les zones lésées et différenciées en neurones.
A plus long terme, cette étude, qui se poursuit aussi sur des modèles animaux de la maladie d'Alzheimer, pourrait ouvrir la voie à un essai clinique basé sur l'autogreffe de cellules souches nasales chez des patients souffrant d'une amnésie post-traumatique ou post-ischémique.