La découverte d'une protéine qui joue un rôle clé dans l'adhésion des globules blancs laisse présager la venue de nouveaux anti-inflammatoires.
Lorsque des virus, des bactéries ou une blessure entraînent une inflammation, les neutrophiles sont les premières cellules dépêchées sur les lieux du sinistre. Ces globules blancs attaquent les envahisseurs et nettoient les tissus morts qu'ils croisent sur leur route.
Pour accomplir leur office, les neutrophiles doivent d'abord repérer le site de l'inflammation, s'ancrer à proximité et traverser la paroi des vaisseaux sanguins pour se rendre au cœur de l'action. Comment arrivent-ils à la fois à se fixer à la paroi des vaisseaux et à conserver leur mobilité ?
C'est à cette question que répondent Mohammed-Amine El Azreq, Valérie Garceau et Sylvain Bourgoin, du Centre de recherche en rhumatologie et immunologie, dans le dernier numéro du Journal of Leukocyte Biology.
Les chercheurs savaient déjà que le mécanisme d'adhésion des neutrophiles dépend d'une famille de protéines, les intégrines, que l'on trouve à la surface de ces cellules.
"Les neutrophiles produisent plusieurs intégrines, notamment la LFA-1 et la Mac-1, qui oscillent, selon l'état d'activation des cellules, entre une forme de faible affinité et de forte affinité pour leurs substrats", explique Sylvain Bourgoin.
Ces deux protéines fonctionnent en opposition. Lorsque la LFA-1 est activée, elle assure une solide adhésion aux parois des capillaires; de son côté, en mode activé, la Mac-1 permet aux neutrophiles de ramper et de migrer hors du vaisseau sanguin.
Les trois chercheurs ont découvert que l'activation de ces deux intégrines dépend d'une seule et même protéine produite par les neutrophiles: la cytohésine-1. Cette protéine se lie au même endroit sur les intégrines, mais lorsqu'elle stimule les fonctions de la LFA-1, elle atténue celles de Mac-1.
Les éditeurs de Journal of Leukocyte Biology ont salué cette percée en lui consacrant un texte éditorial.
"C'est sans doute parce que nos résultats mettent en lumière le rôle de la cytohésine-1 dans l'action séquentielle des deux intégrines et qu'ils permettent d'expliquer comment les neutrophiles parviennent à s'attacher puis à migrer hors des vaisseaux sanguins", avance le professeur Bourgoin.
Les travaux de cette équipe de la Faculté de médecine laissent entrevoir une nouvelle filière pour le traitement des maladies inflammatoires, comme l'arthrite rhumatoïde, qui persistent en raison de l'afflux de neutrophiles au site d'inflammation.
En effet, une molécule qui interférerait avec la cytohésine-1 pourrait altérer la migration des neutrophiles vers les sites où l'inflammation sévit, réduisant du coup le problème.