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 LA D?COUVERTE DE LA P?NICILLINE

1-Le traitement de la syphilis avant le XXi?me si?cle.

Pendant toute l??poque moderne, l?absence de traitement rationnel de la syphilis a fait surgir ou entretenir diff?rentes recettes empiriques, qui se basaient sur les traditions, les convictions religieuses, les croyances magiques ou les souvenirs lointains de la m?decine arabe.
En Tunisie Ceux qui gu?rissaient ?taient des ? m?decins arbi ?, de sexe masculin, en g?n?ral des coiffeurs, des responsables de marabouts, mais aussi des femmes. Elles prenaient en charge la syphilis f?minine aussi bien dans les foyers que dans les maisons de tol?rance.

La femme m?decin qui s?occupait de cette maladie s?appelait ? la toubiba  ?. Elle a surv?cu jusqu?aux alentours de 1920. Elle diagnostiquait la maladie et proposait les traitements ? partir d?ingr?dients achet?s au souk.Dans les quartiers r?serv?s, la ? toubiba ? ?tait bien accueillie et elle pouvait m?me r?sider parmi les prostitu?es pendant toute la dur?e de la maladie .

Elle proposait g?n?ralement le bain quotidien pour purifier le corps. Cette pratique ?tait un reliquat de la m?decine arabe qui consid?rait que la syphilis est un empoisonnement de l?humeur . Le bain prescrit ?tait associ? ? une di?te, une sudation avec suppression de sel etc. Des adjuvants qui aidaient ? faire sortir les mauvaises ?humeurs ? de l?organisme.

Pour ceux qui pouvaient se le permettre, les bains dans les eaux thermales ?taient vivement conseill?s ?tant donn? que les stations ne manquaient pas en Tunisie. Les plus c?l?bres ?taient celles de Hammam-Lif , de Korbous et de Zriba. La station de Hammam-Lif ?tait fr?quent?e aussi bien par le Bey que par ses prot?g?s. Elle ?tait partag?e en deux compartiments pour r?pondre ? ces exigences . L?eau contient des sels et de l?iode qui aidaient ? la gu?rison des complications syphilitiques.

L?eau thermale de Korbous ?tait c?l?bre, elle aussi, par son efficacit? dans le traitement de la syphilis. La station attirait une bonne partie de la population. Le malade qui devait y s?journer, compl?tait ses soins par le sacrifice d?un mouton ? Sidi Amara, le marabout du village, et l?offrande d?un couscous aux habitants du village. La station ? Hammam Zriba ?, qui se trouve pr?s de la ville de Zaghouan, entour?e de montagnes, ?tait connue m?me par les Alg?riens et les Tripolitains. Elle  pouvait accueillir 500 visiteurs en une seule journ?e.

Un autre traitement ?tait conseill? contre la syphilis : c??tait la di?te arabique ; le ou la malade ne devait pas s?exposer au vent, sortir, fumer ou avoir des relations sexuelles pendant 40 jours. Chaque matin, il devait ingurgiter une grande cuiller?e de p?te compos?e de salsepareille, de canelle, de sucre brut et de gingembre. Ce traitement devait ?tre accompagn? d?une di?te. Durant les 10 premiers jours, le malade n?avait le droit de manger qu?un morceau de pain sans sel et des raisins secs.

Ensuite, il pouvait se nourrir d?un peu de couscous et de beurre tout en provoquant de temps en temps la transpiration par la fumigation de certaines herbes. Le Dr Panzo, m?decin de colonisation ? Kalaa Djerda, rapporte que la syphilis ?tait soign?e par la tisane de salsepareille. Cette tisane, qui contenait 5 ? 10 grammes de cette herbe par litre, ?tait prise ? jeun pendant une p?riode de 40 jours. Pendant ce traitement, le malade devait se soumettre ? un r?gime rigoureux bas? sur du pain et de l?huile. Il devait s?abstenir d?avoir des rapports sexuels et se pr?server des rhumes et des travaux p?nibles.

 L?historien tunisien Mohamed El Beji El Massaoudi dans son livre sur la syphilis, d?crit les diff?rentes m?thodes de traitement employ?es dans la R?gence du XIX?me si?cle. Elles se basaient toutes sur des m?thodes hygi?no-di?t?tiques, de p?tes de diff?rentes herbes m?decinales dont la principale est la salsepareille et le bain quotidien, de pr?f?rence dans les eaux de sources r?put?es b?n?fiques pour le traitement de la syphilis. Quant aux diverses manifestations cutan?es de la syphilis, elles se traitaient par des bains chauds, du savon vert et une transpiration abondante.

Les plaies  ulc?reuses n?crotiques et quelques fois gangreneuses ?taient soupoudr?es de ? tutia ? (sulfate de cuivre pulv?ris?). Aussi la ? achba ? ou la ?mabrouka ?, esp?ce de potion anticontagieuse, vendue par les Jerbiens, comme un rem?de antisyphilitique, ?tait largement employ?e.

Ces rem?des ?taient co?teux et les ingr?dients difficiles ? trouver. On pouvait alors se contenter d??gorger une tortue ou de couper en deux une cigogne. Les diff?rents traitements ?taient compl?t?s par des amulettes, d?un usage courant aussi bien pour la gu?rison de la syphilis que pour la pr?vention d?autres maladies.

Mais, devant l?absence ou la m?diocrit? des r?sultats obtenus par ces diff?rentes m?thodes de traitement, les gens demandaient le secours de Dieu. C?est ? Dieu que tout le monde s?adressait aussi bien les ? m?decins ? que les patients : ? la maladie gu?rit si Dieu le veut et ne gu?rit pas si Dieu le veut ?. La maladie ?tait une volont? divine : parfois ceux qui en ?taient atteints, ?taient choisis par Dieu pour subir des ?preuves dans cette vie ?ph?m?re et trouveraient une r?compense au paradis.

Cet esprit fataliste qui r?gnait au sein de la population tunisienne faisait croire ? certains que ceux qui mourraient suite ? une maladie de ce genre ?taient des martyrs. Cet ?tat d?esprit aidait les malades ? supporter la syphilis avec ses douleurs et ses mutilations d?figurantes

 2. La d?couverte des d?riv?s arsenicaux : une d?couverte prometteuse.

L?apparition soudaine de l??pid?mie de syphilis en Europe ? la fin du XV?me si?cle avait provoqu? une terreur et une panique. On l?attribuait ? des causes diff?rentes : la conjonction des plan?tes, une certaine intemp?rie de l?air, la sophistication des aliments, l?empoisonnement de l?eau etc. Au XVI?me si?cle, lorsqu?on s??tait rendu compte du v?ritable mode de transmission de la maladie, on la consid?ra comme une punition pour ceux qui ?taient d?bauch?s. Ceux qui en ?taient atteints n?avaient que ce qu?ils m?ritaient. Ils ?taient punis par l? o? ils avaient p?ch?.

Il ?tait normal qu?ils restent sans secours et sans traitement. Avec la propagation de la maladie dans les diff?rentes couches de la population, plusieurs traitements ont ?t? essay?s. Ils ?taient tous inefficaces. Le traitement de la syphilis n??tait pass? de l?empirisme, qui a r?gn? pendant toute l??poque moderne, au rationalisme qu?au d?but du XIX?me si?cle avec la premi?re r?volution industrielle.

A partir des ann?es 1830-1840, la m?decine en occident a accompli des progr?s ?normes dans la pathologie v?n?rienne et a fait de la syphiligraphie une science exacte. Depuis, les recherches, les observations et les exp?rimentations se sont multipli?es et ont fait progresser les connaissances aussi bien de l?histoire naturelle de la maladie syphilitique que dans son traitement.

Les m?decins du XIX?me si?cle ont commenc? par l?exp?rimentation scientifique des recettes existantes. Apr?s de longs travaux, ils ont retenu le mercure et le bismuth comme substances pouvant donner des r?sultats dans le traitement de la syphilis. Au d?but du XX?me si?cle, c?est la d?couverte des d?riv?s arsenicaux qui a donn? un v?ritable espoir ? la limitation de la propagation de la maladie syphilitique. Il faudra attendre la fin de la deuxi?me guerre mondiale pour exp?rimenter un rem?de vraiment efficace contre cette maladie : la p?nicilline.

Le mercure est un m?dicament antisyphilitique connu depuis le moyen-?ge. On l?utilisait avec d?autres pr?parations. Sa sup?riorit? vis ? vis des autres traitements ? base d?herbes, n?a ?t? v?ritablement comprise qu?au XIX?me si?cle.

source: http://www.latunisiemedicale.com/article-medicale-tunisie_1098_fr
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